Derrière ce titre un peu racoleur se cache pourtant une question de fond quand on est dans le processus de création d’une entreprise. Bien sur il ne faut pas prendre cette question au premier degré, que le mariage soit mixte, homosexuel ou polygame n’est pas la question soulevée. Mais alors pourquoi ce titre ?

Je suis partie d’une observation personnelle que les relations avec un ou plusieurs associés pouvaient souvent s’apparenter à la vie de couple, pourquoi ? Tout simplement parce que :
– Accords et désaccords peuvent se créer sur des questions de fonds comme sur des broutilles du quotidien,
– On passe plus de temps dans l’entreprise qu’à la maison, surtout dans un business fraîchement lancé,
– On se rend compte des défauts de l’autre (ou des autres) qu’au fil du temps,
– La séparation peut se passer en douceur, mais dans la plupart des cas elle sera difficile et couteuse.

Voila entre autre pourquoi je fais le parallèle entre le mariage et la création d’une société.

Création d'entreprise : Auriez-vous épousé votre associé ?

L’objectif est d’amener à la réflexion avant de se précipiter. J’ai vu beaucoup de jeunes s’associer entre amis parce que comme pour la collocation, cela semble être une évidence qu’un business entre amis fonctionnera mieux qu’avec un inconnu (pas gagné pourtant). J’ai vu des familles se déchirer à cause de la gestion de l’entreprise familiale. Que dire des anciens collègues dont l’ambition de réussir le business a amorcé une séparation plus que difficile pour se retrouver à se faire concurrence sur le même créneau. Des associés et amis de longues dates qui finissent par ne plus assez communiquer ou ne plus s’entendre sur la manière de gérer le business et qui met en péril à la fois une histoire d’amitié et leur business. Bref des exemples comme ceux-là j’en ai des dizaines en stock.

J’ai moi-même battu en retraite face à des associés avec lesquels la communication est réduite au strict minimum (convocation et présence à l’AG).  Après plusieurs années à me battre pour plus, j’ai finalement décidé de les laisser gérer le business et de prier pour qu’il n’y ait dans le temps que des impacts positifs sur moi et aucun négatif.

Pour limiter la casse on dit souvent qu’il vaut mieux éviter le business en famille car l’argent fini toujours par compliquer les choses (jalousie surtout), et autant on peut choisir ses amis (et en changer) autant on subit sa famille.

Bref pour choisir ses associés on peut se poser les questions suivantes :
– Sommes-nous complémentaires ? Comment répartirons-nous les rôles ? Tout simplement parce qu’au début on a l’habitude de dire qu’il faut tout savoir faire le commercial, la comptabilité, le technique … mais le plus simple est d’avoir des associés qui n’ont pas le même profil que vous, un « chacun son rôle ». Deux commerciaux associés dans une boite, c’est bien mais qui va mettre les mains dans le cambouis au début de l’activité ?
– Mon associé sera-t-il un membre actif de l’activité ou un « financeur » ? Il est parfaitement possible de s’associer à une tierce personne qui n’est là que pour apporter un soutien (financier ou de conseil) extérieur à l’entreprise. Il y a cependant des comptes à rendre, mais cette solution semble offrir plus de liberté pour quelqu’un qui aurait voulu se lancer seul.
– Partage-t-on une vision commune sur la manière d’amener le projet à évoluer ? Si dès le départ des tensions apparaissent ou que les méthodes sont divergentes, que va-t-il se passer aux premières difficultés ?
– Relations amicales et professionnelles font-elles bon ménage ? Elles peuvent éviter les surprises dans le temps, mais ne sont pas un gage de sécurité pour autant. Il faut savoir profiter du lien amical pour doper la communication et renforcer le lien entre les associés mais il faut aussi faire la part des choses pour que cela ne mette pas en péril les relations professionnelles. Il faut savoir notamment mettre de l’eau dans son vin et ce n’est pas toujours à la portée de tous.

 

Dans tous les cas voici deux conseils que je peux vous donner : Communiquez et prévoyez l’impensable dans les statuts de la société.

La communication, l’échange et l’écoute seront des moteurs puissants pour la réussite du projet, ne vous dites pas « je sais ce que je fais mieux qu’eux donc pas besoin de partager avec eux ». Il faut partager sa vision entrepreneuriale et maintenir cette ouverture d’esprit tout au long de la vie de la société (et ça c’est comme la routine dans un couple, les mauvaises habitudes ont tendance à vite s’installer et il est difficile de s’en défaire).

Quand la communication est rompue et que les conflits ont remplacé la bonne entente des débuts, il est souvent trop tard pour changer les choses et là on peut se poser la question suivante « comment fait-on maintenant ? ». Il est donc nécessaire de prévoir en amont de la constitution de la société toutes les conditions d’entrées et de sorties d’un actionnaire dans les statuts de l’entreprise, et ce pour essayer de limiter les tensions supplémentaires quand la question se posera.

Le « mariage » est facile, peut-être un peu trop, le divorce amène déjà plus de complexités mais il y a toujours des solutions à l’amiable possibles, mais les anticiper sera toujours plus sain. Avant de s’engager il est quand même bon de se projeter un peu au-dela des premiers mois, et cela pour éviter d’aller droit dans le mur.

Prenez le temps de la réflexion ….

 

 

Source photo : Sharron Goodyear – Freedigitalsphotos

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3 Comments

  1. Pour le vivre (ami biz). C’est comme dans un couple, chacun son boulot, des engueulades, des compromis, mais un objectif commun à jamais perdre de vue.
    Tout pareil qu’un couple :).

  2. Nous sommes deux associés, one boy & one girl, et l’équilibre à trouver peut être celui d’un couple mais avec une dimension très différente car on construit une entreprise même si c’est avec une dimension familiale . C’est une association très complémentaire et permet à notre start up d’affronter beaucoup mieux les problématiques !

  3. Merci pour cet article.

    C’est une décision qu’il ne faut pas prendre à la légère en effet. On peut très bien s’entendre avec son collaborateur et le jour ou l’on décide de monter quelques choses, des tensions peuvent très rapidement surgir. J’ai moi même monté mon entreprise avec mon cousin, et comme partout, il y a des hauts et des bas. Mais il faut se serrer les coudes et savoir mettre ses différents de côté. Ça reste une très belle expérience, non seulement le fait de faire une collaboration mais aussi de développer une idée commune. Deux cerveaux sont toujours plus efficaces qu’un seul.


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